La Francia è in deficit di energia elettrica. Perchè Silvietto non ce lo dice?.
03/01/2009 : Libération.fr
«Le système électrique français est terriblement inefficace»
Interview - Energie. Les mythes de l’indépendance française démontés par l’expert Mycle Schneider
Interview de Mycle Schneide, consultant international en matière d’énergie et de nucléaire. Il vient de rendre un rapport au Parlement européen sur le mythe de la politique énergétique française. Il est interrogé par Laure Noualhat.
Avec l’hiver vient la saison du chauffage. Au bois, au gaz, au fioul, mais aussi au radiateur électrique, ce qui a le don de faire grimper les consommations en période de pointe. Comme chaque fois en cette période de l’année, ces pics de consommation imposent d’importer de l’électricité venue d’Europe. Et celle-ci, produite à partir d’énergies fossiles, n’est pas faiblement émettrice en CO2. Mycle Schneider est consultant international en matière d’énergie et de nucléaire. Il vient de rendre un rapport au Parlement européen sur le mythe de la politique énergétique française.
Quel est l’impact de la vague de froid sur les consommations électriques françaises ?
En hiver, la puissance électrique appelée est presque trois fois plus élevée le jour le plus chargé que le jour le moins chargé de l’été. On a donc besoin des vieilles centrales au fioul, dont EDF vient de remettre 2 600 mégawatts en service, parce qu’on manque cruellement d’électricité de pointe. Depuis 1990, la part des énergies fossiles dans l’électricité a crû de près de 25 %. En parallèle, les importations de courant, essentiellement à base d’énergies fossiles, ne cessent d’augmenter. La France est ainsi devenue importatrice nette de courant charbon allemand.
Mais l’électricité française est faiblement émettrice en gaz à effet de serre…
C’est vrai, les émissions totales par habitant de gaz à effet de serre en France sont - encore - plus faibles que chez nos voisins. Mais elles varient fortement d’une année à l’autre en fonction du climat et on n’identifie plus de baisse structurelle depuis longtemps. En fait, en 2005, les émissions de CO2 dues à la production publique d’électricité et de chaleur étaient de 5 % supérieures à 1990, pour se trouver en 2006 à 2 % en dessous du niveau de 1990. Le rôle du nucléaire y est complexe. Le système nucléaire, et les surcapacités qu’il a engendrées, a conduit à une perversion du système électrique. On a massivement introduit le chauffage électrique parce qu’EDF avait des kilowattheures à vendre, ce qui a conduit à une augmentation du recours aux combustibles fossiles. Le contenu en CO2 du kWh pour les besoins du chauffage électrique se situe entre 500 et 600 grammes, soit environ trois fois les émissions d’un chauffage central au gaz.
Le recours au nucléaire augmenterait les émissions de CO2 dans l’électricité ?
Indirectement, par effet systémique, surtout pour tout nouveau projet. L’investissement dans le nouveau réacteur EPR augmentera ainsi les émissions car si on investissait les 4 milliards d’euros nécessaires à sa construction dans l’isolation de l’habitat existant, on éviterait réellement des émissions.
Vous assurez qu’en dépit du nucléaire, la France n’est pas indépendante du point de vue énergétique. Pourquoi ?
En France, le premier programme électronucléaire massif a été lancé en 1974, après le premier choc pétrolier. Le but affiché était de rendre le pays indépendant vis-à-vis du pétrole. C’était déjà un mythe à l’époque car l’électricité ne représentait alors que 12 % de la consommation de pétrole en France. En 2007, après trente-cinq ans de nucléaire en France, la consommation de pétrole par habitant - 1,5 tonnes d’équivalent pétrole (tep) - était plus élevée que la moyenne de l’Union européenne, alors que la consommation en Italie, qui a arrêté le nucléaire, et en Allemagne, était de 1,4 tep. Les autres secteurs comme le résidentiel, et surtout les transports, consomment la plus grande partie du pétrole et cette consommation n’a pas cessé d’augmenter depuis 1973. Le système électrique est incroyablement inefficace : entre l’énergie primaire, contenue dans l’uranium ou le charbon, et l’énergie finale utilisée sous forme de kilowattheure, les trois quarts sont perdus dans le réseau de distribution.
Et alors ?
Il faut calculer le taux d’indépendance sur la base de l’énergie finale, le quart restant utilisé par les consommateurs, et non sur la base de l’énergie primaire. Cet ajustement simple divise par deux le taux officiel de 50 % d’indépendance énergétique affiché par le gouvernement. En outre, il faut rappeler que la totalité de l’uranium utilisé dans les centrales est importée. Ce qui n’est pas pris en compte. Aujourd’hui, on peut estimer l’indépendance énergétique française à environ 8 %.
Quels seraient les principes d’une bonne politique ?
Elle devrait fournir des services énergétiques (c’est-à-dire le chaud, le froid, la lumière ou la mobilité) bon marché, propres et durables. Et ces services énergétiques intelligents devraient conduire à une baisse draconienne de nos consommations. Aujourd’hui, en France, la politique entamée ne laisse pas entrevoir comment atteindre les objectifs fixés par la loi : à savoir de réduire de 80 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050.
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